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L’hypocrisie de nos élus

jeudi 17 juillet 2014 | Dossier régimes de retraite

(Tiré du Devoir du 23 juin 2014) - Le gouvernement du Parti libéral du Québec a déposé le projet de loi 3 sur les régimes de retraite des employés municipaux. Ces régimes de retraite qui couvrent 172 000 Québécois, dont 50 000 retraités, font actuellement face à des déficits actuariels de 3,9 milliards de dollars. Le projet de loi vise à corriger cette situation, prétendument parce que les contribuables n’ont pas les moyens de payer de tels régimes.

Deux mesures importantes pour diminuer le coût des régimes sont prévues au projet de loi. D’abord, le coût de base des régimes devra être limité à 18 % du salaire (20 % pour les pompiers et les policiers). Ensuite, les régimes devront être financés à 50 % par les employés et à 50 % par les villes. La logique des élus municipaux et de l’Assemblée nationale : les employés municipaux doivent faire des sacrifices pour soulager les contribuables et un régime coûtant 18 % du salaire, financé à 50/50, est « raisonnable ».

Le Régime de retraite des élus municipaux

Les élus municipaux ne versent que 6,15 % de leur salaire dans leur régime de retraite. La Ville, financée par les contribuables, de son côté, doit verser 20,73 % du salaire dans le régime de retraite. Le coût des retraites de nos élus municipaux est donc 26,88 % de leurs salaires, soit 50 % plus coûteux que la limite de 18 % que les élus veulent imposer à leurs employés municipaux.

De plus, leur régime est financé à 77 % par les contribuables, un élu municipal ne payant que 23 % de sa retraite. C’est beaucoup plus avantageux que le financement 50/50 imposé aux employés municipaux par le projet de loi 3. Régis Labeaume et Denis Coderre, qui plaident le fait que leurs employés municipaux ont des régimes de retraite trop généreux, devraient d’abord regarder leur propre régime.

Le Régime de retraite des membres de l’Assemblée nationale

Les députés de l’Assemblée nationale versent quant à eux 9 % de leur rémunération dans leur régime de retraite. Selon un comité d’experts, qui a qualifiéle régime de« Ferrari », les cotisations des députés ne représentent que 21 % du coût de leurs retraites. Les contribuables paient donc 79 % du régime de retraite des députés, un montant déraisonnable selon la logique derrière l’imposition du financement 50/50 prévu au projet de loi 3.

Cela veut aussi dire que le régime de retraite des députés coûte 42,86 % de leur salaire. C’est 2,4 fois plus élevé que le maximum de 18 % prévu au projet de loi 3. Avant d’adopter le projet de loi 3 et de mettre la hache dans les régimes de retraite des employés municipaux, les députés devraient se demander si leur propre régime respecte la capacité de payer des contribuables.

Une colère justifiée

Le projet de loi 3 diminuera les conditions de travail et de retraite des employés municipaux. Alors qu’on voit défiler à la commission Charbonneau des politiciens et leurs amis qui se sont rempli les poches d’argent provenant des contribuables, voir ces mêmes politiciens demander des sacrifices importants aux employés municipaux pour soulager les contribuables sonne faux. D’autant plus que ces élus se refusent à faire le moindre sacrifice malgré le fait qu’ils profitent de régimes de retraite beaucoup plus avantageux. Dans ces conditions, je comprends les sacrifiés d’être en colère devant l’hypocrisie de ceux qui veulent leur imposer des sacrifices. 

(lettre d'opinion publiée le 23 juin 2014 dans Le Devoir sous la signature de Sébastien Robert - Syndicaliste dans le milieu de la santé, étudiant à la maîtrise en Relations industrielles à l’Université de Montréal, l’auteur a été candidat de Québec solidaire)